Les matériaux recyclés

Adrien Aniorté Rockease
Adrien Aniorté
06 Juin 2023

Le développement des matériaux recyclés dans le BTP et leur utilisation.

Le secteur du BTP est l’un des plus gros producteurs de déchets en France avec pas moins de 300 millions de tonnes chaque année.

Ce secteur est également l’un des plus gros consommateurs d’énergie du pays puisque le secteur du bâtiment représente à lui seul 43% des consommations énergétiques annuelles françaises et 23% des émissions de gaz à effet de serre du pays.
Il devient donc urgent d’améliorer cette situation et c’est notamment possible grâce au recyclage des déchets et à leur réutilisation sur les chantiers.

Les granulats issus du recyclage et de la réutilisation des déchets inertes des chantiers du BTP couvrent à ce jour 28% (≈ 121 millions de tonnes) des besoins pour la construction et l'entretien des infrastructures et ouvrages.

Chaque maître d’ouvrage est responsable de la gestion des déchets produit sur son chantier et devra effectuer un tri soit sur son site, soit dans un centre de tri. Il est essentiel que l’entreprise assure une traçabilité de ses déchets et qu’elle soit capable de justifier que l’élimination des déchets s’est faite conformément à la réglementation en vigueur.

Les déchets sont classifiés selon 3 catégories distinctes

Les déchets inertes : Ces déchets ne subissent aucune modifications durant leur stockage susceptibles d’entrainer des dommages sur la santé ou sur l’environnement. Il s’agit le plus souvent de béton, tuiles et autres déchets sans substances dangereuses et représente environ 70% des déchets générés par le bâtiment. La plupart de ces déchets peuvent être valorisés et réutilisés sur site ou recyclés sous forme de gravats, notamment pour les travaux routiers ou le remblaiement de carrières.

Tas de gravats, bétons concassé, destruction

Les déchets non dangereux : Ces déchets sont considérés comme non dangereux, non toxiques et non inertes et sont le plus souvent des métaux, emballages, textiles, plastiques ou bois. Il est très important de bien les trier puisqu’ils sont pour la plupart valorisables et représentent environ 25% du secteur.

Tas de déchets non dangereux : carton, papier...

Les déchets dangereux : Ces déchets plus particuliers contiennent des substances toxiques qui présentent un risque pour la santé et l’environnement. Il s’agit le plus souvent d’amiante, de terres excavées polluées, d’hydrocarbure, de goudron ou de produits chimiques.
Ils représentent environ 5% du secteur. Ils sont plus compliqués à valoriser bien que ce soit tout de même possible.

Déchets dangereux, hydrocarbure, goudron, produits chimiques

Le recyclage des déchets

Afin de réduire l’impact environnemental de ces déchets, l’Europe et notre gouvernement ont mis en place des lois fixant des directives qui s’inscrivent dans une démarche d’économie circulaire.
Pour rappel, « L’économie circulaire consiste à produire des biens et des services de manière durable en limitant la consommation et le gaspillage des ressources ainsi que la production des déchets. » Illustration

L’Europe a fixé dans la directive cadre déchet de 2008, un objectif de recyclage et valorisation des déchets du BTP à 70% d’ici 2020. De plus, l’État exige à travers sa loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, que 50 % des matériaux utilisés par l’État et les collectivités pour les chantiers de construction routiers devront être issus de la réutilisation ou du recyclage de déchets du BTP en 2017 puis 60 % en 2020.
Dans les faits, ces objectifs n’étaient toujours pas atteints en 2016 puisque seulement 50% des déchets produits étaient revalorisés.

Il est donc primordial de poursuivre nos efforts et cela se traduit notamment parle rôle clé du commanditaire des travaux. En effet, en amont de chaque chantier, il doit anticiper la prévention et la gestion des déchets, puis adapter ses résultats aux contrats de travaux et enfin mettre en place un contrôle de la bonne exécution de ses prescriptions.

La phase de prévention consiste en une analyse des déchets qui seront produits durant le chantier et celle-ci s’établit selon 3 caractéristiques :

  • Les types de déchets générés
  • Les quantités générées pour chaque type
  • Leur apparition suivant le déroulement du chantier

Une fois cette étape effectuée, il est en capacité d’émettre un rapport sur la gestion des déchets (réutilisation sur site ou acheminement vers des centres de recyclage) qu’il devra inclure dans son appel d’offre.

Chaque appel d’offre devra prescrire une traçabilité des déchets allant du chantier jusqu’au centre de revalorisation final. Celle-ci devra être contrôlée durant l’exécution du chantier tout comme la qualité des matériaux revalorisés qui seront utilisés. Il est préconisé d’effectuer un bilan des quantités qui ont été réemployées et valorisées afin de permettre aux commanditaires de travaux d’avoir un suivi de leurs opérations et ainsi d’optimiser la gestion de leurs futurs projets. Cependant, le secteur a encore du mal à atteindre ses objectifs de revalorisation. Cela peut s’expliquer en partie par la présence encore trop faible des différents points de collecte, de tri, de stockage et de valorisation des déchets et matériaux issus des chantiers du BTP sur le territoire français. En effet, on compte en moyenne uniquement 7 installations pour 1000 km² et on constate également de fortes disparités.

Pour lutter contre ce frein et renforcer le réseau, depuis le 1er janvier 2017, la loi de transition énergétique oblige les négoces à s’organiser pour reprendre les déchets issus des mêmes types de matériaux que ceux qu’ils vendent. Malheureusement, cette directive est difficile à mettre en place puisque la nature des matériaux change selon les territoires.
Un deuxième frein à l’atteinte de ces objectifs réside dans le manque de prise de conscience par les différents acteurs, notamment le maitre d’ouvrage, qui est pourtant juridiquement responsable de la gestion et du traitement des déchets. Il doit apporter son expertise pour coordonner cette gestion au mieux.

En conclusion, le secteur du BTP est en profonde mutation vers une activité plus respectueuse de l’environnement en intégrant une démarche d’économie circulaire. Afin d’atteindre les objectifs fixés pour 2020, il est essentiel de bien considérer l’étape de prévention et de gestion des déchets en amont de tout chantier afin d’optimiser leur valorisation et l’utilisation de matériaux recyclés. Le secteur du BTP présente un fort potentiel de recyclage, surtout au niveau des déchets inertes et non dangereux.